Roberto Alagna

Roberto Alagna

UN SIECLE D OPERA FRANCAIS - ROBERTO ALAGNA A VERSAILLES

 

Extraits symphoniques et vocaux. Christoph Wilibald GLUCK : Orphée et EurydiceIphigénie en Tauride. Antoine GRETRY : L'Amant jalouxZémir et Azor. Luigi CHERUBINI : Les Abencérages. Etienne-Nicolas MEHUL : Le jeune HenriJoseph en Egypte. Hector BERLIOZ : Le Corsaire, La Damnation de Faust. ROUGET DE LISLE/BERLIOZ : La Marseillaise. Georges BIZET : L'Arlésienne, Les Pêcheurs de PerlesCarmen. Jacques-Fromental HALEVY : La Juive. Charles GOUNOD : MireilleRoméo et Juliette. Roberto Alagna, ténor. Orchestre de Paris, dir. Michel Plasson. 1DVD Universal DG : 076 284-4. TT. 90'.Grand spectacle et frisson assurés : filmé sur l'eau, au bassin de Neptune du château de Versailles, en juillet 2009, ce récital de Roberto Alagna se veut une anthologie de l'opéra français, de Grétry à Gounod. Et même si le ténor assoluto n'est pas partout des plus à aise, l'habit semblant trop large pour

une pièce délicate comme celle de L'Amant jaloux, ce florilège constitue un bel hommage à l'art du chant français, assortissant pièces connues et moins jouées. Comme toujours chez lui, la diction est pur régal, la conviction sans faille, la présence indéniable. Et l'atmosphère se chauffe peu à peu, pour déborder d'enthousiasme après une « Invocation à la nature », de La Damnation de Faust, d'une envolée remarquable. La Marseillaise dans  l'orchestration de Berlioz, accompagnée par l'orchestre débout, fait le reste. La suite du concert sera plus qu'électrique. De la collection d'airs, on distinguera la pièce quasi inconnue de Cherubini, tirée des Abencérages, où la flexibilité de la ligne de chant arrive encore à étonner, l'invocation « O nuit enchanteresse » des Pêcheurs de Perles, chanté en voix mixte, et même franchement en falsetto, l'air de « La fleur », de Carmen, d'une suprême distinction, à défaut d'être vraiment dramatique, et surtout la magnifique cavatine de La Juive, « Rachel quand du Seigneur », qui, après une magique introduction du hautbois sur des pizzicatos de cordes, élève un chant inextinguible, et cette fois poignant. Michel Plasson, arborant un constant sourire, alors que ses musiciens ne semblent pas toujours à la fête, est le partenaire indispensable, et le sûr accompagnateur. Les pages symphoniques, qui entrelardent le récital, et permettent de salutaires pauses, vont toutefois du banal (une « Farandole », de L'Arlésienne, si boulée qu'elle en perd sa substance, une Marche hongroise où la main se fait lourde), au lyrisme éperdu : l'entracte du II ème acte de Roméo et Juliette est d'une suprême distinction.. Alagna enchaîne alors le récitatif et l'air « Ah ! Lève-toi soleil », d'un geste vraiment solaire, qui arrache l'auditoire de son siège. A juste titre. Le film sollicite l'image facile, la prise de vue, souvent au premier degré, multipliant les gros plans d'instruments ou de visages, parfois peu flatteurs, mis à part le ténor vedette, qui sait ce que paraître veut dire. Et révèle un profil bourbonien ! Les quelques vues de fontaines crachant à plein régime, voire de boules de feu surgissant des perspectives sylvestres, n'arrivent pas à distraire de l'objet du film, le concert-show de l'ami Roberto !

 

 

 



02/10/2020