Roberto Alagna

Roberto Alagna

LE DERNIER JOUR D'UN CONDAMNE - Alagna - Marseille

L'oeuvre

 

Le Dernier Jour d'un Condamné

Drame en 2 actes et 1 intermezzo
Livret de Roberto, David et Frederico ALAGNA d’après le roman éponyme de Victor HUGO

Création à Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 8 juillet 2007, en version concertante
Création en Hongrie, Opéra de Debrecen, en 2009, en version scénique
Première représentation à l’Opéra de Marseille

PRODUCTION Opéra Grand Avignon
Ce spectacle a obtenu le Grand Prix de la meilleure production et mise en scène dans le cadre du Festival Opera Competition with Mezzo Television (Szeged).

 

 

Calendrier

 

Opéra Municipal de Marseille

28 septembre 2017

01 octobre 2017

04 octobre 2017

 

 

 

Distribution

 

Direction musicale Jean-Yves OSSONCE

Mise en scène Nadine DUFFAUT
Décors Emmanuelle FAVRE
Costumes Katia DUFLOT
Lumières Philippe GROSPERRIN

 

 

La condamnée à mort Adina AARON
Le condamné à mort Roberto ALAGNA

Le bourreau Luc BERTIN–HUGAULT
L’huissier Jean-Marie DELPAS
Le geôlier Philippe ERMELIER
Le prêtre Francis DUDZIAK
Le guichetier de garde Carl GHAZAROSSIAN
Le friauche Cyril ROVERY
Le directeur Yann TOUSSAINT
L’aumônier Éric MARTIN-BONNET
Le Procureur Yves COUDRAY​
Récitante Catherine ALCOVER
Violon Alexandra JOUANNIE

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

 

Revue de Presse

 

GBOPERA - Jocelyne de Nicola 

" Roberto Alagna : voix chaude, colorée, émouvante avec justesse, aigus contrôlés, diction irréprochable, crédibilité sans théâtralité, un grand artiste. Un ouvrage fort de bout en bout, construit de mains de maîtres, longuement et fortement applaudi, promis à une longue vie de succès mérités" 

 
EXTRAIT : "Pour l’ouverture de la saison 2017/2018, l’Opéra de Marseille avait fait le choix audacieux de présenter Le Dernier jour d’un condamné. Le choix ici était bon. Les mélomanes curieux ont fortement et longuement applaudi l’œuvre, les artistes, la mise en scène et le travail accompli. Pari gagné. Gageons que cet ouvrage aura une longue vie de succès….mérités. 
 
Le choix des interprètes est aussi des plus judicieux, avec un casting parfait jusqu’aux rôles secondaires. Roberto Alagna, incontournable bien évidemment, pour cette partition écrite pour lui, dans un rôle taillé à ses mesures. La voix est chaude, colorée, les inflexions sont émouvantes avec justesse, les aigus sont contrôlés avec un rien de fatigue qui sied à ce personnage angoissé, et toujours cette diction irréprochable qui rend le surtitrage inutile. Scéniquement investi, il est ce Condamné ; ses émotions passent avec crédibilité mais sans théâtralité. Roberto Alagna reste dans ce rôle aussi , un grand artiste. 
 
Une représentation forte de bout en bout ; sans relâche émotionnelle, dans une mise en scène qui reste sobre et sans pathos exagéré, nous partageons les derniers moments de deux êtres qui vont mourir. [...] Que dire de ce spectacle à part qu’il est construit de mains de maîtres. La musique est tonale avec des accents en accord avec les sentiments et les atmosphères dans un choix judicieux d’instruments : gong, cloches, clarinette basse, roulements de tambour… Rendant hommage à Modeste Moussorgski, David Alagna nous fait entendre quelques réminiscences de son Boris Godounov, mais toujours par touches et sans effets appuyés. Les passages chantés par le choeur sont peu marqués (car les personnages sont anonymes) mais adaptés avec intelligence ; ainsi la complainte des forçats, qui reste un moment de grande tension. Les voix sont utilisées dans une écriture qui convient aux tessitures des chanteurs avec quelques coups d’éclat mais toujours nuancés. "
 

La Marseillaise - Patrick De Maria :

"Roberto Alagna et Adina Aaron bouleversent dans Le Dernier Jour d’un Condamné de David Alagna" par Patrick De Maria pour La Marseillaise

 
EXTRAIT : "La reprise à l’Opéra de Marseille du Dernier jour d’un condamné donne un écho d’une rare puissance au mots de Victor Hugo. Ce condamné c’est le ténor Roberto Alagna, habité par son rôle, entre révolte impuissante et résignation cynique. La voix, marque une fragilité qui convient à la chose. Comme si le trop beau chant aurait été une indécence. Le jeu est tout entier dans ce recroquevillement de l’être qui ne demande pourtant qu’à être entendu des hommes. [...] Le dernier jour d’un condamné est une œuvre forte, pétrie d'humanisme, un opéra à l’estomac, efficace dans sa construction dramatique et dans sa partition, certes en rien révolutionnaire, tout ce qu’il y a de plus séduisant à l’oreille." 
 
 

La Provence - Marie-Eve Barbier - 28/09/2017 :

" Roberto Alagna et Adina Aaron, condamnés par Victor Hugo, donnent voix au plaidoyer de l'écrivain contre la peine de mort. Pari gagné !" 

 
"Amoureux de la prose de Victor Hugo, les frères Alagna, David, Roberto et Frederico, ont ainsi adapté à la scène Le dernier jour d'un condamné. Créé en 2007, leur opéra est repris par l'Orchestre et le choeur de l' Opéra de Marseille, sous la baguette de Jean-Yves Ossonce. Pari gagné. Le plaidoyer de l'écrivain contre la peine de mort est incarné avec conviction par les deux solistes. [...] 
 
Ni Roberto Alagna, ni la soprano Adina Aaron ne manquent de puissance vocale. Le premier est combatif dans ses intonations et son jeu, alors que la seconde joue plutôt sur le registre de la désolation. Ils incarnent les deux facettes d'un même personnage, le condamné à mort, l'un dans sa geôle du XIXe siècle, l'autre dans une prison moderne. [...] 
 
"La peine de mort n'est ni exemplaire, ni juste, ni utile..." Grands principes étayés par le jeu et l'émotion des chanteurs. [...] La partition de David Alagna emprunte à différentes influences. Elle est impressionniste, fait ressentir l'espoir, l'abattement, la peur et la colère. [...] La mise en scène de Nadine Duffaut ne manque pas d'originalité. [...] On a également apprécié les seconds rôles comme le Friauche, magnifique Cyril Rovery, qui s'élance dans une joute oratoire avec le Condamné (Alagna) pour lui voler sa redingote. "
 
 

Opera Magazine - Bruno Villien - 28/09/17 

 

"Un condamné bouleversant, dont la voix prenante traduit les émotions qui le possèdent, de la révolte au rêve d'évasion. L'accueil du public est tel qu'on espère qu'un spectacle aussi intense et actuel continuera son parcours" 

"Dix ans après sa création au Théâtre des Champs-Elysées en version de concert, le Dernier jour d'un condamné est plus d'actualité que jamais. [...] Roberto Alagna incarne toujours un Condamné bouleversant, dont la voix prenante traduit les émotions qui le possèdent, de la révolte au rêve d'évasion. Adina Aaron est tout aussi poignante [...] A la solitude des prisonniers, le compositeur français David Alagna (né en 1975) oppose le chœur : préparé par Emmanuel Trenque, celui de l'Opéra de Marseille se surpasse; [...] Jean-Yves Ossonce met en valeur le lyrisme de la partition. Il en souligne les sombres accents dramatiques, caractérisant avec adresse les nombreux personnages qui peuplent la prison d'hier et d'aujourd'hui. L'Orchestre de l'Opéra de Marseille maintient une tension de chaque instant.
 
Cyril Rovery donne [au friauche] un noir cynisme. Yves Coudray incarne le strict Procureur, dont l'apparition annonce les derniers instants du Condamné. Le Prêtre trouve en Dudziak Francis un interprète convaincant. Déjà présents à Avignon, les autres chanteurs sont tous parfaits, du Geôlier sarcastique de Philippe Ermelier à l'Aumônier d' Eric Martin-Bonnet, en passant par l'Huissier de Jean-Marie Delpas qui a de faux airs d'Orson Welles.
 
A l'issue de la première des trois représentations marseillaises, l'accueil du public est tel qu'on espère qu'un spectacle aussi intense et actuel continuera son parcours. "
 
 

Ôlyrix - Florence Lethurgez - 28/09/2017

"Totale présence, lyrisme pénétrant et naturel. Une universalité du propos. Une organisation plasticienne de la dramaturgie"

 

"La mise en drame et en scène est organisée et ouverte par des polarités : entre homme et femme, passé et présent, singularité et collectivité, espace public et fort intérieur, etc. Ils assurent la montée en universalité du propos.
 
L'un des frères de Roberto est peintre, l’autre est sculpteur et tous deux appartiennent à une génération qui a commencé à délaisser la lettre pour l’image, et cela se sent dans leur manière très plasticienne, voire opticienne, d’organiser la dramaturgie.
 
Le condamné à mort est celui qui, le premier, a chanté les mots de Hugo en son for intérieur : le ténor Roberto Alagna. Il leur fait don de sa totale présence, de son lyrisme pénétrant, naturel jusqu’au râle, et d’une diction de plasticien qui parle à l’oreille de chacun. Alagna se plait visiblement à séjourner à l’Opéra de Marseille. Le public marseillais a ainsi pu l’entendre et le voir dans Marius et Fanny(Pagnol-Kosma) en 2007, Le Cid en 2011 et Les Troyens en 2013.
 
La musique de David Alagna est l’une de celles de notre 21e siècle. Elle n’a pas rompu ses liens avec le langage tonal, qu’elle décline en réminiscences (à chaque auditeur les siennes). Elle nous fait emprunter, avec les musiciens, le long couloir des dissonances, cette perspective sonore qui conduit du jour à la nuit, de la vie à la mort. Ces pages d’orchestre, parfois pures, tel l’intermezzo, aux nappes d’écriture dense et subtilement timbrée, s’achèvent brusquement sur une tarentelle : l’araignée a pris dans ses rets le destin des vivants.
 
Ce travail fraternel conçu « ensemble séparément » autour de la figure tutélaire d’un homme de lettres semble s’être nourri de l’interconnaissance fine des habiletés de chacun pour se constituer en plaidoyer pour le genre opéra. Celui-ci est capable de mettre ses ressources propres (émotion, lyrisme, passion) au service d’un discours qui n’est pas seulement voué à son autocélébration, celle de la fable lyrique."
 

Interviews à propos de l'oeuvre

La Marseillaise - Patrick De Maria

Roberto Alagna ouvre la saison de l’Opéra de Marseille avec « Le dernier jour d’un condamné » .
 
Après Avignon l’an passé, l’opéra de Marseille programme en ouverture de saison Le dernier jour d’un condamné composé par David Alagna, le frère de Roberto, sur un texte très fort de Victor Hugo.
L’œuvre est créée en version de concert en 2007, au Théâtre des Champs-Elysées sous la direction de Michel Plasson, puis en version scénique en Hongrie en 2009 dans une mise en scène de Nadine Duffaut. Le livret est signé de Roberto lui-même et de ses frères David et Federico.
Il s’agit donc ici d’une affaire de famille, puisque c’est Roberto Alagna qui portera sur ses épaules ce rôle accompagné par sa complice, depuis la création, la soprano américaine Adina Aaron qui avait séduit les Marseillais dans Aïda en 2008.
La reprise est attendue, non seulement pour l’œuvre elle-même qui a su toucher le public mais par la présence à Marseille de Roberto Alagna qui marque une réelle fidélité à l’Opéra depuis la création de Marius et Fanny de Cosma en 2007, Le Cid en 2011 et Les Troyens en 2013.
 
Quel plaisir avez-vous à remonter « Le dernier jour d’un condamné » à Marseille ?
 
J’adore Marseille. J’aime son public et son théâtre. Je viens souvent à Orange. Le public marseillais, très amateur des Chorégies, me connaît bien. J’aime tellement Marseille qu’on me dit souvent que je préfère venir ici qu’à Covent Garden, Vienne ou Paris. Je suis si sentimentalement attaché à cette ville que beaucoup, à l’étranger, me croient marseillais. Ainsi j’ai un peu l’impression d’être l’enfant du pays.
 
Quelle a été la genèse de cet opéra ?
Nous avons commencé à travailler sur cet ouvrage il y a vingt ans. Il a été créé il y a dix ans, en 2007, l’année où l’abolition de la peine de mort a été définitivement inscrite en France dans la Constitution. Quand on voit le nombre de pays qui, aujourd’hui encore, continuent d’appliquer la peine capitale, on comprend que le propos de Victor Hugo est toujours d’actualité. La force de cet opéra vient de ce que, précisément, David a voulu conserver dans sa musique la puissance des mots d’Hugo. C’est pour moi un tour de force incroyable.
 
Est-ce vous qui avez été à l'initiative de ce projet ?
Je chantais Roméo à Chicago et l'un de mes frères me téléphone. Je lui dis que je me sens un peu comme un condamné. Il m’envoie alors le livre d’Hugo que je ne connaissais pas. En le lisant, j’ai entendu une musique dans ma tête. J’ai tout de suite compris qu’il fallait en faire un opéra. J’ai alors commencé la rédaction du livret, et David la partition. La première version du livret était tellement dense et longue qu’elle était inchantable. David a alors eu l’idée de créer cette condamnée noire américaine, chantée par Adina Aaron, dans une prison aujourd’hui, qui fait écho à mon personnage qui attend la mort dans une prison du XIXe siècle. 
 
Vous avez dit que vous aviez entendu une petite musique en lisant le texte de Victor Hugo. La retrouve-t-on dans la partition de votre frère ?
 
Non, mais il l’a entendue aussi, et il a su la retranscrire. C’est là son coup de génie. Dans le roman, une jeune fille chante dans la rue. J’ai écrit cette chanson sur des mots d’argot. Nous l’avons finalement coupée car nous voulions conserver la noirceur du texte original.
 
Comment présenteriez-vous la partition ?
 
Une partition très étrange qui a son style propre. David ne s’est pas fixé de limite. Il a d’abord voulu servir la prose de Victor Hugo qui, on le sait, n’aimait pas qu’on mette ses textes en musique. On retrouve en le lisant une musique particulière à sa prosodie.
Et David est allé chercher ça. Un peu comme le faisait Verdi, qui se disait d’abord les mots et les mots lui donnaient la note. David a retrouvé dans sa musique un rythme proprement hugolien. Comme chez Hugo, la musique balance entre romantisme et réalisme. David s’est inspiré de Boris Godounov pour marquer l’introspection du personnage. Cela allié à l’élégance du style français et évidemment avec le côté italien, inscrit dans nos gènes, comme pour l’air du condamné que j’ai souvent repris en récital ou la tarentelle finale au rythme presque tribal qui rappelle nos racines siciliennes.
 
Avez-vous travaillé la mise en scène avec Nadine Duffaut ?
 
Absolument pas. Nous avons voulu rester extérieur à l’élaboration du spectacle et faire entièrement confiance à Nadine. Quand David a vu la création en Hongrie, sans moi, il a pris une claque. Nadine a fait un travail vraiment exceptionnel. J’aimerais vraiment que Le dernier jour d’un condamné vive sans nous et entre au répertoire. C’est une œuvre qui le mérite parce qu’elle sait toucher le public.
 
 

La Provence - Marie-Eve Barbier  

Il nous a reçus dans sa loge, après sa répétition, les cheveux ébouriffés, la chemise froissée : Roberto Alagna endosse en effet le costume du condamné à mort dans un opéra adapté du roman de Victor Hugo. Cette œuvre, créée il y a dix ans au Théâtre des Champs Élysées, est particulièrement chère au ténor, puisqu’il a lui-même écrit le livret avec l’aide de ses deux frères, Frederico et David Alagna, ce dernier ayant également composé la musique. Ce soir, il l’interprétera accompagné par l’Orchestre philharmonique de Marseille, placé sous la baguette de Jean-Yves Ossonce.

 

L'opéra a été écrit et composé avec vos deux frères. Avez-vous l'habitude de travailler ensemble ?


David est compositeur, Frederico peintre, sculpteur, metteur en scène, on se retrouve de temps en temps sur des projets. Dans la famille, tout le monde est artiste ! Mais on n'a pas si souvent que ça l'occasion de collaborer ! On a imaginé cet opéra il y a vingt ans, et il a vu le jour il y a dix ans au Théâtre des Champs Élysées. Il faut du temps pour qu'un projet naisse !

 

D'où l'idée est-elle partie ? 

 

J'étais en tournée à Chicago, loin de la famille, je me sentais esseulé. J'avais dit à mon frère : "Je me sens comme un condamné !" Pour plaisanter, mon frère m'a envoyé le roman de Victor Hugo. En le lisant, je me suis dit que ça ferait un formidable opéra ! J'ai envoyé un premier livret à mes frères, ça leur a plu, on a repris le texte ensemble. David a écrit la musique, romantique.

Pourquoi avoir imaginé le personnage de la condamnée, incarnée par la soprano Adina Aaron, qui n'existe pas chez Hugo ?
Roberto Alagna : Le livret est trop long à porter par un seul chanteur. David a eu l'idée de créer un personnage féminin. C'est génial car Adina Aaron est Américaine. Ça a du sens, car la peine de mort est toujours pratiquée là-bas.

 

Qu'est-ce qui vous a le plus touché dans le plaidoyer d'Hugo ?

 

Tout ! Ça a été un combat de toute une vie pour Victor Hugo. Il a écrit ce roman à 26 ans ! Et il parle de la peine de mort dans l’un de ses derniers textes. Aujourd’hui, c’est encore un sujet "chaud". On parle de rétablir la peine de mort dans de nombreux pays.

 

Quelles condamnations récentes ont pu vous choquer ?


Toutes les condamnations me choquent. Comme le dit Hugo, un homme n'a pas le droit d'ôter la vie d'un autre homme. C'est un crime aussi. Cela fait de nous des criminels. Même si l'on veut châtier les délinquants criminels pour les cas lourds, la peine de mort n'est pas adaptée.

 

 



06/01/2018