Roberto Alagna

Concert PHILHARMONIE de Paris (22/06/2015) | Par Patrice Henriot pour OPERA MAGAZINE | "Une démonstration de vaillance, de fraîcheur vocale et de style"

 

"La saison 2014/2015 des Grandes Voix s'achève brillamment à la Philharmonie de Paris, avec ce récital qui propose, en alternance, des airs et duos de Verdi en première partie et, après l'entracte, à l'opéra français. Surtout, son programme éclectique confirme la place incontestable de Roberto Alagna, dans une forme éblouissante, au service de ces deux répertoires. [...]

 

Le duo Federica / Rodolfo de Luisa Miller montre les promesses de la mezzo Ukrainienne et la suprême aisance du ténor français. Les répliques de Radamès affrontant Amneris (Acte IV d'Aida) comme celles de Samson face à Dalila (acte II), sont pour Roberto Alagna l'occasion d'une démonstration de vaillance, de fraîcheur vocale et de style : soutien, souplesse, projection, longueur de la phrase, diction.

 

Le monologue "Non, je ne suis pas un impie", extrait du Dernier jour d'un condamné, rappelle ce que peut et doit être la déclamation lyrique française. Dans la scène finale de Carmen, le ténor, en digne héritier des plus grands, construit une véritable progression et offre un modèle de nuances dans l'opposition des deux "Tu ne m'aimes donc plus ? " de José : do pianissimo de l'angoisse, sol fortissimo du constat désespéré.

 

Les bis généreux révèlent, dans Boris Godounov, la vraie vocalité d'Iryna Zhytynska, séduisante Marina, face au glorieux Dimitri de Roberto Alagna. Une chanson ukrainienne, une mélodie napolitaine et le duo de La Périchole, interprétés avec beaucoup de chic, nécessitent la reprise du premier de ces bis.