Oeuvre
Otello
Opéra en 4 actes de Giuseppe Verdi
Livret d'Arrigo Boïto d'après "Othello ou le Maure de Venise" de William Shakespeare
Création à la Scala de Milan le 5 février 1887
Distribution - Calendrier
Salle Pleyel le 27 juin 2014
Desdémone : Inva Mula
Otello : Roberto Alagna
Iago : Dmitri Hvorotovsky
Orchestre National d'Ile de France
Direction musicale : Riccardo frizza
Revue de Presse
Ideamagazine (USA) - Natalia Di Bartolo - juin 2014
"La genèse d'un personnage, dans la carrière d'un chanteur d'opéra, n'est pas immédiate, et la maturation d'un rôle peut mobiliser toute une vie de chanteur, pas seulement une voix. La voix humaine est l'instrument le plus délicat et difficile qui existe et elle est sujette à mille vicissitudes, au quotidien. Ainsi, le choix de tel ou tel répertoire, ou de tel ou tel rôle, peut aussi lui causer des dommages, s'il lui est vocalement inapproprié et/ou s'il est abordé au mauvais âge ou au mauvais moment. Pour ces raisons, les chanteurs échelonnent leur prises de rôles sur toute la durée de leur carrière, en abordant certains prioritairement et en ne s'attelant à d'autres qu'à la maturité.
Au fil du temps, la voix change, évolue, elle n'est jamais celle d'hier, ni celle de demain, et les grands professionnels en sont pleinement conscients. En l'occurrence, c'est le cas du ténor Roberto Alagna, qui, dans la pleine maturité de sa carrière, s'apprête à aborder le rôle d'Otello de Verdi dans lequel il fera ses débuts sur scène aux Chorégies d'Orange en août 2014.
En ce 27 juin 2014, dans l'historique Salle Pleyel à Paris, il l'exécutait dans sa quasi-intégralité en version concertante. Et ce avec beaucoup d'intensité, aux côtés de la soprano Inva Mula dans le rôle de Desdemone et du baryton Dmitri Hvorostovsky en Iago. L'Orchestre national d'Île de France était dirigé par le maestro Riccardo Frizza, qui a mené la partition en pleine conformité avec le tempo philologique, guidant les chanteurs par sa lecture attentive de la partition vers les rivages sûrs de la réussite. En effet, en concert, une interprétation trop personnelle du chef d'orchestre risque toujours d'être préjudiciable aux artistes qui, même s'ils ont la possibilité normale et légitime de s'appuyer sur leur partition au pupitre, se trouvent, comme toujours dans ces cas-là, seuls en scène et s'exposent davantage, sans filet, que s'ils étaient en costume sur un plateau. Un concert donc ne se dirige ni ne se traite de la même façon qu'une représentation scénique et il convient de décider de son sort avec tout à la fois bon sens et bon goût. Ce sont bien ces deux prérogatives qui ont caractérisé la soirée à Pleyel, tant attendue et acclamée par les encouragements d'un large public.
Pour en revenir à ce qui été mentionné ci-dessus, le grand Roberto Alagna s'est attaqué au programme constitué de larges extraits du rôle d'Otello avec une voix mature, une émission souple, claire et puissante et de grandes qualités d'expressivité et d'interprétation vocale, mais en sacrifiant, du fait de la nature concertante du spectacle, une partie de sa propension à l'action sur scène.
Loin d'être intimidé par le rôle, mais savourant plutôt tout particulièrement les scènes les plus dramatiques de jalousie et le final tragique, Alagna/Otello a pris en main la succession des différentes parties du programme, mettant aussi en lumière les temps forts scéniquement les plus intenses. Il a démontré, s'il était nécessaire, qu'il avait atteint la bonne maturité pour aborder, au moment opportun de sa carrière et avec des armes bien affûtées, un rôle qui a vu se succéder pendant des décennies des ténors à la gloire légendaire et dont il va certainement faire sur scène une interprétation très personnelle et inoubliable.
Le ténor était accompagné d'une Inva Mula délicate, toujours à la hauteur vertigineuse que le rôle de Desdemone exige de ses interprètes et qui lui a valu un succès personnel, en particulier dans le divin et célèbre "Ave Maria". Imperturbable et expérimenté, le baryton Hvorostovsky s'est avéré vocalement robuste et perfide à souhait dans le rôle de Iago. Comme mentionné plus haut, le concert précédait la présentation du chef-d'œuvre verdien dans le cadre superbe du théâtre antique d'Orange, les 2 et 5 août 2014 et a admirablement préfiguré l'Otello magique auquel le ténor franco-sicilien saura certainement donner vie et âme. Nous l'attendons avec beaucoup d'impatience et d'excitation."
Altamusica.com - Gérard Mannoni - juin 2014
Ni trop tôt ni trop tard, c’est l’éternel problème que doivent affronter les ténors lyriques pour savoir s’ils peuvent franchir le pas du dramatique ou de l’héroïque. Qui est Faust, Roméo, Don José ou Werther, n’est pas forcément d’emblée Otello, Énée des Troyens ou Samson, ni à plus forte raison Tristan ou Siegfried pour ceux qui pratiquent le répertoire germanique. Même si la tentation est forte, l’approche doit être prudente, à moins d’avoir d’emblée les moyens puissants adéquats, ce qui vous coupe aussi très vite d’un répertoire vaste, attrayant mais un peu plus léger.
Roberto Alagna, qui triomphe depuis le début de sa carrière dans tous les rôles lyriques auxquels la nature semble l’avoir destiné, s’est forcément tourné en approchant la cinquantaine vers cet Otello dont la théâtralité semble faite pour l’acteur racé et intelligent qu’il est aussi. Ce concert parisien était une façon de faire taire les ragots et les médisances qui accompagnent si volontiers la réussite des plus grands artistes et de remettre à leur place de persifleurs étriqués ceux qui lui reprochent ses incursions jouissives dans d’autres répertoires.
Plus jeune que jamais, aminci, chevelu et barbu, dans une forme vocale étincelante, Alagna a prouvé que le rôle était désormais pleinement sien, sur l’ensemble de la tessiture, y compris dans le bas-médium, région ici de tous les dangers. Dans cette mise en place à trois, il a en outre apporté un véritable investissement théâtral, héros à la fois inquiétant et touchant, modulant avec finesse toutes les nuances du personnage shakespearien.
De quoi mettre en appétit pour les Chorégies d’Orange maintenant toutes proches. Carrière à haut risque que celle de ces artistes d’exception qui ne cessent jamais d’avancer de prise de rôle en prise de rôle et qui remettent chaque fois en jeu leur réputation, si glorieuse soit-elle. Et quel chemin parcouru pour un Alagna depuis ses débuts dans la Traviata, Rigoletto ou la Bohème jusqu’à ceux dans Aïda, le Trouvère, Turandot ou Otello !
Comme elle le sera à Orange, Inva Mula était sa Desdémone, toujours aussi belle et maîtrisant sans faiblesse couleurs dramatiques et irréels aigus translucides, aériens. Très solide Iago de Dmitri Hvorostvosky, au timbre décidément plus russe qu’italien, mais ne soyons pas trop difficiles. Le personnage est bien là, avec sa puissance maléfique, même si l’on a connu des interprétations vocales plus subtiles et fouillées.
À la tête de l’Orchestre national d’Île de France, le chef Riccardo Frizza s’est efforcé, généralement avec succès, de donner une unité à ces morceaux vocaux coupés de leur contexte. Ce n’était pas facile, mais il est parvenu à laisser assez de présence à la somptueuse partition orchestrale de Verdi pour éviter la simple exhibition vocale, malgré l’impact personnel des interprètes.
PRESS REVIEW
Ideamagazine (USA) - Natalia Di Bartolo - juin 2014
"In the career of an Opera singer, the genesis of a character is not immediate, and the maturation of a role can mobilize a lifetime, not just a voice. The human voice is the most delicate and difficult instrument that exists and is subject to a thousand troubles, day after day. Thus, the choice of this or that repertoire, or this or that specific role, can also damage it if vocally inappropriate and/or dealt with at the wrong age or at the wrong time. For these reasons, lyrical singers are combining the various roles throughout all the duration of their careers, addressing some of them first, and not rising to others before maturity.
Over time, the voice is changing, evolving. Thatof today is no longer that of yesterday, and not yet that of tomorrow, Top professionals are fully aware of that. This is the case of the tenor Roberto Alagna who, in the full plenitude of his career, is getting ready to tackle the role of Otello by Verdi in which he will make his stage debut at the 'Chorégies d'Orange' in August 2014.
This 27th June 2014, in the historical Pleyel Concert Hall (Paris), he performed it almost entirely, in a concert version, with a great intensity, alongside soprano Inva Mula as Desdemona and baritone Dmitri Hvorostovsky as Iago. The National Orchestra of Île de France was conducted by Maestro Riccardo Frizza, who led the score in full compliance with the philological tempo, leading the singers in a careful reading of the score to the safe shores of success. Indeed, in a concert, a very personal interpretation of the conductor may always be detrimental to the artists: as always in these cases, even if they have the normal and legitimate opportunity to rely on their score at their stand, they are alone on stage and more exposed - without any safety net, than when they are in costume in a stage set. Therefore, a concert cannot be directed nor dealt with as a stage performance would be, but should be performed with both good sense and good taste. These two prerogatives characterized this Pleyel's evening, eagerly awaited by a wide and cheering audience.
Going back to what was mentioned above, the great Roberto Alagna tackled the program (consisting of large excerpts from Otello's role) with a mature voice, a flexible emission, clear and powerful, and great expressive and vocal skills, but sacrificing, because of the "concert" nature of the performance, part of his propensity for actively acting on stage.
Far from being intimidated by the role, but rather particularly enjoying the most dramatic scenes of jealousy and the tragic ending, Alagna/Otello took over the successive parts of the program, also highlighting the most intense scenic passages. He demonstrated, if needed, he had reached the proper maturity to address this role at the appropriate moment of his career, well and sharp armed. A role which has been sung by decades of successive famous and glorious tenors and of which he will certainly offer a very personal and memorable performance on stage.
The tenor was accompanied by a delicate Inva Mula, always at the dizzying altitudes that the role of Desdemona demands to its performers, earning a great personal success, especially in the divine and famous "Ave Maria" aria. Cool and experienced, the baritone Hvorostovsky was as Iago vocally robust and as treacherous as one could be.
As mentioned above, the concert was preceding the presentation of Verdi's masterpiece in the beautiful 'Theatre antique' in Orange, on 2nd and 5th August 2014. It has admirably foreshadowed the magic Otello to which the French-Sicilian tenor will certainly give life and soul. We are looking forward to this thrilling event with great anticipation. "
ALTAMUSICA - Gerard Mannoni - 27 juin 2014
"A confirmed Otello - Before singing the entire masterpiece by Verdi during the next "Choregies" in Orange on 2nd and 5th August, Roberto Alagna proposed to Parisians excerpts from Otello as part of the program "Les grandes voix |The great voices" at the Pleyel Concert Hall, confirming that he has reached a perfect maturity for this heavy reputed role. Inva Mula and Dmitri Hvorostovsky were by his side.
Neither too early nor too late, it is the eternal problem that lyric tenors have to tackle to know whether they can take the step to the dramatic or heroic repertoire. Who is Faust, Romeo, Don José or Werther, is not necessarily immediately Otello, Aeneas in The Trojans or Samson, nor a fortiori Tristan or Siegfried for those who practice the Germanic repertoire. Although the temptation is strong, the approach must be cautious, unless having immediately the adequate powerful resources, which also quickly cut from a wide repertoire, attractive but a little lighter.
Roberto Alagna triumphs since the beginning of his career in all operatic roles that the nature seems to have intended him to sing. Nearing his fifties, he went naturally to this Otello which dramatic force seems made for the elegant and intelligent actor he is also. That Parisian concert was also a way to silence gossiping and badmouthing that so often accompany the greatest artists' achievement, and to take the malicious tongues down a peg or two, narrow-minded people who hold his joyful forays into other repertoires against.
Younger than ever, thinned, hairy and bearded, in a sparkling vocal shape, Alagna has proven that he now fully owns the role, on its entire range, including the low-medium zone, "fraught with dangers". In this debut at three protagonists, he also brought a genuine theatrical commitment, portraying a both disturbing and moving hero, subtly modulating the nuances of the Shakespearean character.What an appetizer for the now nearby 'Choregies d'Orange'! And what a high-risk carreer for those outstanding artists who never stop moving forward, from one role-taking to another, and who are each time puting their reputation on the line again, however glorious it could already be. And what a fantastic way Alagna covered from his debut in La Traviata, Rigoletto or La Bohême to his role-taking in Aida, Il Trovatore, Turandot or Otello!
As she will be in Orange, Inva Mula was his Desdemona, still beautiful and mastering without any weakness some dramatic colors and unreal, translucent, airy top notes. Very robust was Dmitri Hvorostvosky as Iago, with a decidedly more Russian than Italian timbre, but let us not be overly fussy. The character is well featured, with his evil power, even if we heard more subtle and deepest renditions before.
Conducting the National Orchestra of Ile de France, the chief Riccardo Frizza aimed, generally successfully, to give unity to these vocal pieces, cut off from their context. It was not easy, but he managed to leave enough presence to the sumptuous orchestral score of Verdi to avoid a simple voice exhibition, despite the personal strong impact of the performers."
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