Roberto Alagna

Roberto Alagna

CONCERT GAVEAU - PARIS

 

Programme

Première Partie 

 

Leoncavallo - Pagliacci - Prologue "Si Puo"

 

Petit - Thème de Cyrano de Bergerac

 

Alfano - Cyrano de Bergerac - "Je jette avec grâce mon feutre"

 

Mozart - Don Giovanni - Ouverture 

 

Gluck - Iphigénie en Tauride - "Unis dès la plus tendre enfance"

 

Gounod - Polyeucte - "Source Délicieuse"

 

 

 

Deuxième  Partie

 

 

Verdi - Luisa Miller - "O fede negar potessi... quando le sere al placido"

 

Verdi - Luisa Miller : Ouverture

 

Giordano - Fedora -  "Mia madre...Vedi io piango"

 

Giordano - Fedora - Intermezzo 

 

Zandonaï - Giulietta e Romeo - "Giulietta son io"

 

Verdi - Otello - Ora  per sempre

 

 

BIS

 

Massenet - Le Cid - "O souverain, ô Juge, ô père"

Puccini - La Toca - "E Lucevan le Stelle"

Verdi - Otello - "Nium mi tema"

Leoncavallo - Pagliacci - Prologue " Si Puo..."

Berceuse Corse à Cappella 

 

 

Calendrier

 

 

Salle Gaveau - Paris

 

vendredi 10 décembre 2021

Distribution

 

Roberto Alaga - Ténor

 

Orchestre Appassionato

 

Direction Mathieu Herzog

 

 

 

 

Revue de Presse

 

Opéra Magazine - Patrice Henriot

 

❝Roberto Alagna enflamme Paris Salle Gaveau, le 10 décembre. Il demeure unique dans les rencontres subliminales de son programme. Emotion musicale et admiration sont au rendez-vous. Style parfait, noblesse, sobriété … Il excelle en Cyrano. Otello provoque l’enthousiasme. Legato, slancio, aigu cinglant dans le chant verdien, beau récitatif … Etonnante démonstration de générosité avec plusieurs bis longs et difficiles, bouleversants. Face à l’euphorie générale, un dernier exploit : une délicieuse berceuse corse chantée a cappella ...❞ 


EXTRAITS : « Un magnifique parcours des emplois assumés par les ténors mythiques, rencontrés par la personnalité de Roberto Alagna […]  L’émotion musicale et l’admiration, du moins, seront au rendez-vous. […]. Roberto Alagna demeure unique dans les rencontres subliminales de son programme : Enrico Caruso, bien sûr (Fedora), Georges Thill (Iphigénie en Tauride, Le Cid), José Luccioni (Cyrano de Bergerac, Polyeucte, Otello), Mario Del Monaco (Otello, Fedora, Giulietta e Romeo). L’artiste assume ainsi tout son répertoire passé, présent, à venir. Le « Prologue » de Pagliacci(« Si puo ? ») ouvre la soirée. De grands ténors se plurent à barytonner et Roberto Alagna, lui-même, ne se prêta-t-il pas cet été, au Théâtre Antique d’Orange, au duo entre Ezio et Attila, auprès d’Ildar Abdrazakov ? Il est ici fort à l’aise. Puis il excelle en Cyrano (« Je jette avec grâce mon feutre »), un rôle qu’il a beaucoup défendu à la scène. L’émouvant air de Pylade (« Unis dès la plus tendre enfance ») offre un moment de pure déclamation et de style parfait. Et les « Stances » de Polyeucte (« Source délicieuse ») se haussent à la noblesse de la tragédie cornélienne. 
Au début de la seconde partie, le ténor français renoue avec le chant verdien (legato, slancio, aigu cinglant), pour le beau récitatif « Oh ! fede negar potessi » et l’air « Quando le sere al placido » de Luisa Miller. Les extraits de Fedora disent le drame en une scène constituée de récits, qui révèlent le nœud de l’action (« Mia madre... Vedi, io piango »). Il faut admirer la sobriété qu’y apporte Roberto Alagna. Enfin, Otello (« Ora e per sempre ») provoque l’enthousiasme. Les trois premiers bis, à la fois longs et difficiles, fournissent une étonnante démonstration de générosité : Le Cid (« Ô souverain, ô juge, ô père »), Tosca (« E lucevan le stelle », bouleversant rêve éveillé), Otello encore (« Niun mi tema »). Tout est-il dit, puisque (presque) tout a été chanté ? Non sans malice, Roberto Alagna propose de reprendre le « Prologue » de Pagliacci, synchrone, cette fois, avec l’orchestre. Devant l’euphorie générale, le ténor offre un dernier exploit : chanter a cappella une délicieuse berceuse corse. »

 

 

Première Loge - Nicolas Mathieu

 

❝Roberto Alagna triomphe Salle Gaveau. Un récital exceptionnel, un programme dense et généreux. Jeu théâtral captivant, projection superbe, large et ample, aigus confiants et solaires, diction exemplaire, phrasé élégamment filé, prestance, pianissimi qui amènent le frisson, climax déchirant, justesse de ton admirable… Face aux applaudissements redoublés du public, il vient offrir 5 bis et assoit son triomphe❞ 

 

EXTRAITS : « Roberto Alagna triomphe Salle Gaveau. Vingt ans après sa dernière apparition in loco, le ténor français a offert un récital exceptionnel au public de la Salle Gaveau avec un programme dense et généreux accompagné du non moins excellent Ensemble Appassionato dirigé par Mathieu Herzog.
Intitulé « Quand le Théâtre entre au Panthéon de l’Opéra », le programme proposé par Roberto Alagna ce soir Salle Gaveau invite le spectateur à (re)découvrir de grandes figures littéraires et théâtrales à l’opéra par un savant mélange d’airs célèbres et moins connus. […]
Après quelques mesures introductives de l’orchestre, le ténor arrive sur scène sous les applaudissements déjà enthousiastes du public pour arborer le personnage de Pagliacci Tonio avec un « Si può ? » à la verve dramatique et au vibrato mesuré. […]. Libéré de la partition (il chante par cœur l’ensemble de son récital), l’interprète investit au possible l’espace […] pour accrocher le public avec un jeu théâtral captivant. La projection est superbe, large et ample, les aigus confiants et solaires, sur le jeu instrumental bien dosé de l’Ensemble Appassionato. Les premiers bravi fusent de l’assemblée déjà conquise. Au tour de Cyrano de Bergerac d’Alfano avec l’air « Je jette avec grâce mon feutre », qui souligne, s’il fallait s’en convaincre encore, une diction exemplaire sur tout le registre, alliée à un phrasé élégamment filé. Et la prestance solennelle de la « Source Délicieuse » du Polyeucte de Gounod ne fera que redoubler les applaudissements du public.
La seconde partie du récital montre un chant qui se bonifie lui-même, et une complicité de plus en plus marquée avec l’orchestre. Les pianissimi finaux du « Quando le sere al placido » (Luisa Miller), la ferveur tendre du « Mia madre… Vedi io piango » (Fedora de Giordano) amènent le frisson… Et le « Giulietta son io » (Giuletta e Romeo de Zandonai) d’amener l’un des moments de grâce de la soirée avec une montée sublime jusqu’à un climax déchirant et à fleur de peau. Avant de quitter la langueur pour la fermeté avec un « Ora e per sempre » (Otello de Verdi) martelé, aux lignes fort poitrinées. […] 
Face aux acclamations redoublées du public, Roberto Alagna visiblement galvanisé d’un tel succès vient offrir 5 bis ! Un très solennel « O souverain » (Le Cid de Massenet) augmenté de guirlandes de bougies en mouvement, de saisissants « E luccevan le stelle » (Tosca de Puccini) et « Niun mi tema » (Otello de Verdi), avant d’en revenir au « Si può ? » initial, arguant que la version donnée en début de concert l’a laissé insatisfait ! Et en guise de clap de fin, il entonne a cappella une berceuse corse, dans un silence religieux. Loin d’endormir le public, Roberto Alagna assoit là son triomphe… »

 

 

Toute la culture - Paul Fourier

 

 ❝LE FEU D’ARTIFICE de Roberto Alagna à la Salle Gaveau … Récital éblouissant … De Pagliacci, on sait qu’actuellement Alagna en est sans conteste le meilleur titulaire. Il semble l’avoir fait sien, en totalité et, pourrait-on dire, tous rôles confondus … Il saisit l’air de Cyrano avec gourmandise … Style incomparable, fabuleuse prononciation ... Une seconde partie ébouriffante …  Avec un très long passage de Fedora, la soirée jusqu’ici très belle bascule dans l’exceptionnel … Un miracle d’interprétation …  Somptueux … Émotion extrême, sans jamais tomber dans l’excès ou dans l’emphase ... Maîtrise totale, effets, vibrato, piani et diminuendos de pure beauté … La scène finale d’Otello est absolument gigantesque ... La puissance du programme et des bis émerveille les spectateurs, totalement galvanisés par la performance et la prodigalité de l’artiste … Immense talent et générosité …❞ 


EXTRAITS : «  Le ténor a donné un récital éblouissant le 10 décembre. En dépit des contraintes liées à la pandémie, les Parisiens n’avaient pas raté le rendez-vous et la salle était quasi comble. Ils ne l’ont pas regretté. La soirée s’intitulait « Du théâtre à l’opéra », une accroche rappelant que bien des opéras ont connu un précédent théâtral avant d’être mis en musique. […] Si Pagliacci de Leoncavallo échappe à la règle, l’on comprendra, aux mots prononcés par Tonio (et dits ce soir par Roberto Alagna, malgré la tessiture de baryton requise) qu’ils offrent la meilleure des introductions à une soirée où l’art lyrique rejoignait le théâtre […] De Pagliacci, l’on sait qu’actuellement qu’Alagna en est, sans conteste, le meilleur titulaire. « Si Puo », l’air de Tonio, chanté ce soir, montre qu’interprète d’un opéra, il semble l’avoir fait sien, en totalité et, pourrait-on dire, tous rôles confondus. Son cher Caruso (et quelques autres ténors, tel Beniamino Gigli) lui avait déjà ouvert la voie et sa voix s’accorde idéalement à cette déclamation théâtrale à laquelle il donne vie, comme s’il allait enchaîner l’opéra entier à lui tout seul. 
Il donne ensuite corps à la bravacherie de Cyrano ; à quelques exceptions près, les airs interprétés ce soir lui sont familiers, car il les a incarnés sur scène. Peu l’ont fait pour Cyrano et c’est l’occasion de se rappeler que ce fut, bien sûr, le cas pour l’opéra d’Alfano. L’on comprend alors la gourmandise avec laquelle il se saisit de l’air d’un personnage qui a tout pour lui plaire. […]. Certes, après Cyrano, l’on comprend l’adéquation de l’air qui suit, celui de Pylade de l’Iphigénie en Tauride de Gluck, avec le thème du soir ainsi que l’envie de Roberto de balayer la plus large période possible. Mais, si l’on ne peut nier que le style est incomparable et que sa fabuleuse prononciation s’accorde si bien à l’écriture du compositeur, il n’empêche que la voix du ténor s’avère, aujourd’hui, assez lourde pour l’exercice. En revanche, ce ne sera évidemment pas le cas pour les airs très tendus, et chacun avec ses difficultés, de Polyeucte (« Source délicieuse ») de Gounod et de Luisa Miller qui précèdent et suivent l’entracte.
Une seconde partie ébouriffante ! Néanmoins, si la soirée était jusqu’ici très belle, elle va basculer dans l’exceptionnel avec un très long passage (plus de 8 minutes) tirée de Fedora de Giordano (« Mia madre » … « la fange mi svela » … « vedi io piango »). L’on se rappelle à l’occasion qu’un certain Caruso, inconnu, fut révélé par le rôle. Ce soir, la scène sera un miracle d’interprétation. D’abord, parce que Roberto Alagna y trouve une tessiture parfaite pour lui, mais aussi, parce que le vrai professionnel, celui dont on sait qu’il travaille inlassablement, nous démontre à quel point de perfection il est arrivé pour ce rôle, dans l’attente des représentations prévues à la Scala de Milan […], représentations toujours repoussées, et qui espérons-le se tiendront à l’automne. Il y a un peu de Paillasse dans les accents douloureux du Prince Ipanov et l’on adorerait que ces accents appartiennent à un nouveau rôle fétiche pour Alagna… pour peu que des grandes scènes osent monter l’œuvre… 
Roberto Alagna affronte ensuite Shakespeare par Roméo et Juliette. À vrai dire, le ténor qui aime à faire découvrir, présente là un air du très méconnu Giulietta e Romeo de Zandonai, air qui lui va également comme un gant et où il apporte, cette fois, la souffrance de l’amoureux, et ce, avec une émotion extrême, sans jamais tomber dans l’excès ou dans l’emphase.
Et… arrive Otello… et c’est le coup de grâce, car l’artiste, en un instant, nous propulse à Venise, au cœur même de l’homme que la jalousie mortifère détruit. Sommes-nous désormais dans une salle d’opéra où les œuvres défileraient à toute allure ? Le pouvoir et la perfection de l’interprétation nous font voyager instantanément dans Le Cid (encore Corneille, mais Massenet cette fois) pour un somptueux « Ah, tout est bien fini… Ô Souverain, Ô juge, Ô père… », puis défiant la raison, revenant à Victorien Sardou que Puccini a sublimé, c’est un « E lucevan le stelle » totalement maîtrisé, tellement vrai, où les effets, vibrato, piani et diminuendos se révèlent pure beauté.
Après un programme et des bis d’une telle puissance, l’on se dit que l’artiste nous a suffisamment émerveillés. Que nenni ! C’est avec une réelle gourmandise – qui se voit et que l’on ressent -, avec une envie de faire plaisir à son public, que Roberto Alagna se lance dans rien de moins que la scène finale d’Otello ! … et c’est absolument gigantesque. La souffrance brute est là, tout comme le corps de Desdémone et nous, spectateurs, sommes inclus dans un opéra imaginaire qui se déroule sous nos yeux.
Le moment arrive où toutes les partitions sont épuisées. Avec humour, comme pour refermer la parenthèse théâtrale, il prétextera une erreur dans son premier air pour reprendre le « Si Puo » de Pagliacci, avec la même fraicheur qu’au début… et une intensité redoublée. Et puisqu’il fallait tout de même finir et renvoyer les spectateurs totalement galvanisés par la performance, il terminera avec une chanson corse a capella – chanson qui sert à l’occasion de berceuse à Malèna, sa plus jeune fille (qui a probablement accompagné sa maman en Pologne pour un Stabat Mater, donné le même soir).
Chez les Alagna, on le sait, tout est histoire de famille. Comme tout un chacun, Roberto Alagna avance en âge. Il nous le rappelle d’ailleurs, lorsqu’à la fin de la soirée, il dit qu’il revenait, ce soir, en solo, à la Salle Gaveau après 20 ans d’absence (il s’y est produit en duo avec Aleksandra Kurzak en 2019). Ce jour-là, sa première fille, la petite Ornella lui avait apporté un bouquet « plus grand qu’elle ». Beaucoup plus grande désormais et très belle, c’est elle qui y retourne avant que « la Mamma » ne monte avec Roberto sur scène. La vraie famille rejoignait alors l’autre famille, celle de cœur, qui l’accompagne et fut, une fois encore, conquise par la prodigalité de l’artiste.
Ainsi résonnaient encore les mots de Tonio « Et vous ! Plutôt que nos pauvres défroques de bouffons, considérez nos âmes, car nous sommes des hommes, de chair et d’os, qui, tout comme vous, respirons l’air de ce monde orphelin ! ». L’artiste, comme l’homme, nous quittait en nous donnant le désir de renouer, très vite, ce lien indéfectible que son immense talent et sa générosité ont su créer…»

 

Iteatridellest.com - Loredana Atzei

 

❝Une grande solidité dans les registres medium et grave, un texte parfaitement articulé phrasé avec douceur et sensibilité exacerbée. Eclat sans faille des notes aiguës, douceur du legato, nuances interprétatives, tension dramatique, maîtrise vocale exceptionnelle, longueur du souffle, extraordinaire capacité de donner vie au personnage. Musicalité exceptionnelle, gamme infinie de couleurs et de diminuendos d'une richesse emphatique. Le public reste sans souffle et complètement captivé. Une ovation debout le rappelle sur scène, il y répond avec générosité. La beauté de son timbre, sa facilité d'émission, sa puissance et sa grande expressivité restent inchangées. Avec plus de 30 ans de carrière, le ténor se tient encore fermement au sommet de la vague.❞ par Loredana Atzei pour www.iteatridellest.com (traduit de l’italien)

 

EXTRAITS (traduit de l’italien): « La musique et le chant, donc, en tant que forme d'art complet sont capables d'atteindre le cœur et d'expliquer l'âme humaine encore mieux que les mots. Et c'est ce qu'Alagna apporte immédiatement en scène.  A commencer par le choix de débuter le récital par ce qui est un véritable manifeste de l'opéra vériste : le Prologue de "Pagliacci" de Leoncavallo [...] . Bien qu'il s'agisse d'une pièce pour baryton, Alagna l’exécute bien, montrant une grande solidité dans les registres médium et grave, un texte parfaitement articulé, phrasé avec douceur et sensibilité exacerbée. Dans "Al par di voi respiriamo l'aere...", il nous donne l'occasion d'apprécier son registre aigu et la grande tenue de son souffle. Le reste du récital est un hommage aux grands personnages de la littérature, comme le Cyrano de Rostand dans l'opéra splendide, difficile et rarement joué d'Alfano.  Alagna interprète ensuite "Je jette avec grâce mon feutre". Un rôle, celui de Cyrano [...] qui lui convient particulièrement bien, lui donnant l'occasion de montrer tant son aspect jovial et gascon que son aspect sentimental et tragique [...]. Nous passons ensuite à Iphigénie en Tauride de Gluck [...] avec "Unis dés la plus tendre enfance".  [...] La douceur du legato et les nuances interprétatives maintiennent la tension dramatique élevée sans la forcer. La première partie de la soirée se termine par "Source Délicieuse". Le splendide air de Polyeucte de Gounod [...] est divinement interprété avec un phrasé doux et l'éclat sans faille des notes aiguës. Mais le meilleur est encore à venir. 
La deuxième partie s'ouvre sur une autre de ses pièces maîtresses. Le célèbre air de Luisa Miller "O fede negar potessi...Quando le sere al placido" que le ténor interprète en l'enrichissant de couleurs et avec une maîtrise vocale exceptionnelle capable de soutenir longuement "Ah mi tradia..." de la première partie, puis d'exécuter des pianissimi éthérés, pour les renforcer à nouveau dans l'élan de colère de l'amant qui se croit trahi. Des évolutions dignes d’une véritable " montagne russe " vocale que seule une parfaite maîtrise du souffle et du soutien peut assurer. Tout cela combiné à l'extraordinaire capacité de donner vie au personnage. Avec ses doutes, ses passions, ses affections. [...]
Il le prouve une fois de plus en donnant corps et sentiments à Loris Ipanoff dans le long passage de Fedora, "Mia madre...vedi io piango" dans lequel on est complètement bouleversé par la tragédie du comte qui, trahi, devient meurtrier, et nous comprenons sa souffrance et sa noblesse.  C'est l'un de ces moments au théâtre qui se produisent rarement, où le temps semble s'arrêter, où les couleurs deviennent plus intenses, où le cœur bat plus vite et où le public reste sans souffle et complètement captivé. Ses débuts de "Fedora" prévus l'année prochaine à la Scala de Milan, promettent d'être un événement exceptionnel.
Avec "Giulietta son io" de "Giulietta e Romeo" de Zandonai, il revient et nous offre une interprétation belle et déchirante, puis reprend un autre de ces rôles dans lesquels il ne cesse de surprendre. L'Otello de Verdi avec "Ora e per sempre" conclut le programme officiel par une célébration de l'un des plus grands auteurs de théâtre de tous les temps : William Shakespeare. Mais le public, insatiable, réclame avec insistance des encores, que la générosité du chanteur n'hésite pas à accorder. Ceux qui s'attendent à une série de pièces plus légères ou appartenant au répertoire traditionnel seront déçus, car le choix du ténor était d'une grande profondeur, comme l'ensemble du concert.
Il commence par l'aria de Rodrigo dans Le Cid de Massenet : " Oh souverain, oh juge, oh père ", poursuit avec " E lucevan le stelle " de Tosca avec un legato émouvant sur " le belle forme disciogliea dai veli... " conclu par un pianissimo qui a enthousiasmé le public, et termine avec le final d'Otello : " Niun mi tema ". Un air parfait pour un ténor lyrique capable de montrer toute la fragilité du guerrier vaincu qui a tout perdu et qui s'apprête, en dernier recours, à perdre même sa vie. Et il le fait avec une voix dotée d'une musicalité exceptionnelle, d'une gamme infinie de couleurs et de diminuendos d'une richesse emphatique ; les yeux sont fermés, l'expression douloureuse. Une douleur qui n'est jamais criée mais qui transperce le cœur, jusqu'au dernier gémissement douloureux et ce mot "ba-cio", interrompu par une pause, dans laquelle la main de la poitrine tombe lentement jusqu'à ce qu'elle soit complètement relâchée sur la dernière syllabe. Le souffle s'éteint et la mort arrive. Même dans ces petits détails, on retrouve la touche de l'artiste et son travail incessant.
Cela pourrait sembler être la fin, mais une ovation debout le rappelle sur scène à deux reprises. Il reprend le Prologue et conclut avec "O la ricchezza di la so mammuccia", une berceuse corse interprétée a cappella. Un moment unique de grand charme pour sceller un événement inoubliable. Vingt ans se sont écoulés depuis le premier récital de Roberto Alagna à la Salle Gaveau, et la beauté de son timbre, sa facilité d'émission, sa puissance et sa grande expressivité restent inchangées. Avec l'expérience, on peut lui reconnaître le mérite d'avoir surmonté une certaine exubérance juvénile, justifiée, au profit d'une attention encore plus grande à l'introspection et à l'interprétation, obtenue de toute évidence par une étude continue. Le résultat est là pour que tout le monde puisse le voir. Un ténor dont la carrière a bien plus de 30 ans et qui se tient encore fermement au sommet de la vague. J'espère pour de nombreuses années encore. »

 

 

Ôlyrix - Charles Arden 

❝Roberto Alagna triomphe dans le 2eme ‘Be Classical’ avec un programme "Du Théâtre à l’Opéra" croissant en émotions et en forme vocale : articulation modèle et très ample, choix expressifs, aigus glorieux et éclatants, déploiement théâtral intense, investissement constant, générosité infaillible, richesse des nuances, couleur solaire dans le timbre. Très chaleureusement applaudi à la fin de chaque air, ovationné à la fin du concert et rappelé debout, il offre jusqu'à cinq bis. Un public unanimement conquis ❞


EXTRAITS : « “Be Classical” théâtral et triomphal pour Roberto Alagna. Roberto Alagna triomphe dans le 2ème “Be Classical”, nouvelle série de récitals avec effets de lumières au néon, par un programme "du Théâtre à l’Opéra" croissant en émotions et en forme vocale. […] La seconde chance et le second souffle de cette initiative ainsi que toutes ses couleurs sont pleinement illustrés par Roberto Alagna, tout au long de ce concert. Le ténor prend ce soir notamment sa revanche sur l'Otello de Bastille, ce qu'il manifeste par ses poings serrés puis ses mains levées couronnant son aigu glorieux dans "Ora E per Sempre". […] L'articulation modèle et très ample s'allie au métier de l'artiste pour faire de chaque intention un choix expressif [..] Le ténor déploie toute sa théâtralité le temps que la voix finisse de complètement chauffer, en même temps qu'elle continue de mettre le public dans un état d'incandescence. Ce déploiement théâtral est d'autant plus intense que les airs du riche programme sont extraits d'opéras inspirés de fameuses pièces et personnages de théâtre : Iphigénie en Tauride de Gluck, Cyrano De Bergerac d’Alfano, Polyeucte de Gounod, Fedora de Giordano, Giulietta e Romeo de Zandonai, Pagliacci de Leoncavallo.   Roberto Alagna défend ainsi comme il l'a fait dans toute sa carrière des personnages et des œuvres célèbres mais aussi des raretés du répertoire auxquelles il a donné une seconde (ou au moins une nouvelle) chance et qu'il chante, comme le reste, par cœur et souvent même les yeux fermés. Il le fait avec un investissement constant et une générosité infaillible manifestée par la richesse de ses nuances, avec toujours cette couleur solaire dans le timbre. Il le fait avec l'Ensemble Appassionato, très appliqué, impliqué (et applaudi par le public). Les qualités de solistes et de musiciens d'ensemble se mettent au service de la partition et de la voix sous la direction expressive et claire de Mathieu Herzog.
Le ténor très chaleureusement applaudi à la fin de chaque air, et même de chaque grand aigu (au point que les acclamations viennent couvrir l'orchestre) est ovationné à la fin du concert et rappelé debout jusqu'à offrir cinq bis : "Ô Souverain, Ô Juge, Ô Père" du Cid de Massenet rappelant son engagement pour le répertoire français et continuant encore et toujours d'affirmer la voix qui monte même vers les sommets et accents d'"E lucevan le stelle" de Tosca (opéra de Puccini basé comme Fédora sur une pièce écrite par Victorien Sardou pour Sarah Bernhardt), avant donc le finale d'Otello (Verdi) et de nouveau le Prologue de Pagliacci,  (il explique ne pas être pleinement satisfait de la manière dont il l'avait chanté au début de ce concert, difficile pourtant, même pour qui connaît bien ce morceau, de pointer une erreur évidente qu'il aurait commise, dans ce morceau inaugural comme dans tout ce concert), en effet méconnaissable d'intensité, d'énergie, d'un plein aigu éclatant, et long.
La musique et la générosité du ténor étant pour lui aussi une affaire de famille, sa grande fille Ornella vient lui offrir des fleurs comme elle le faisait en cette même salle il y a 20 ans. "Les fleurs étaient plus grandes qu'elle", rappelle le ténor qui invite aussi sa mère pour une embrassade, puis il entonne a cappella dans un silence religieux et en cinquième bis une "petite chanson corse" avec laquelle il endort sa fille, avec laquelle il berce et dit bonne nuit à un public unanimement conquis. »

 

 

ForumOpera - Christian Peter

 

❝Un concert éblouissant. En un programme original qui tient sans cesse notre curiosité en éveil, notre ténor national - élégant dans un magnifique smoking noir, se glissant avec aisance dans la peau de ses personnages même en concert - aligne avec conviction des morceaux connus mais peu souvent donnés en concert et des raretés absolues. Au fil de pages de styles contrastés, il fait entendre un medium ample et solide, une maîtrise parfaite de la déclamation lyrique, de la sobriété et une émotion palpable, un legato impeccable orné de fines nuances, une grande intensité dramatique. Pleinement convaincant dans de longues scènes poignantes réclamant un investissement théâtral et vocal important, il passe ensuite sans transition de la scène du tombeau de "Giuletta e Romeo" de Zandonai où nous avons l’impression de revoir le Roméo qu’il était il y a trente ans avec sa silhouette juvénile à l’ "Ora e per sempre" d’Otello qu’il chante avec un aplomb et une autorité incroyables … Après un programme aussi chargé, quel autre ténor aujourd’hui alignerait en bis l’air du Cid, Tosca et Otello avec une telle insolence vocale ? Sans une once de fatigue perceptible dans sa voix, il offre une interprétation spectaculaire du Cid, un vibrant "E Lucevan le Stelle" dans lequel il multiplie les diminuendi et les piani tenus, puis toute la scène finale d’Otello "Nium mi tema".  Il rechante le prologue de Pagliacci, conclut la soirée avec une berceuse corse a capella et s’en va heureux sous les acclamations, presque à regret de quitter la scène❞


EXTRAITS : « Comme l’indique le titre du concert "Du Théâtre à l’Opéra", notre ténor national avait choisi de rendre hommage aux grands auteurs dramatiques, d’Euripide à Edmond Rostand, en passant par Shakespeare, Corneille, Schiller, et d’autres, à travers un programme original d’airs d’opéras français et italiens. Un programme comme on les aime, qui aligne des morceaux connus mais peu souvent donnés en concert, et des raretés absolues, un programme qui tient sans cesse notre curiosité en éveil, surtout lorsqu’il est interprété avec autant de conviction. Roberto Alagna possède en effet cette faculté de se glisser avec aisance dans la peau du personnage qu’il interprète, même en concert, au point de devenir sous nos yeux ce personnage le temps d’un air.
Le récital s’ouvre avec le prologue de Pagliacci qui évoque comme chacun sait la vie des théâtreux, un choix audacieux puisqu’il s’agit d’un air de baryton dans lequel notre ténor, très élégant dans un magnifique smoking noir, fait entendre un medium ample et solide, délicatement ambré. Suivent trois pages d’opéras français de styles contrastés, « Je jette avec grâce mon feutre » extrait du Cyrano de Bergerac d’Alfano que le ténor a chanté à maintes reprises depuis sa prise de rôle à Montpellier en 2003 et dont il livre une interprétation teintée d’une ironie caustique, « Unis dès la plus tendre enfance » de Gluck, qui lui permet de camper un Oreste touchant avec une grande retenue et une maîtrise parfaite de la déclamation lyrique, enfin un air du Polyeucte de Gounod, « Source délicieuse »,  sobre et émouvant.
La seconde partie du concert, entièrement dédiée à l’opéra italien commence avec Luisa Miller. Après un récitatif poignant, le ténor interprète « Quando le sere al placido » avec un legato impeccable orné de fines nuances et une émotion contenue mais palpable. Puis il nous propose deux pages d’une grande intensité dramatique, tout d’abord un extrait de la Fedora de Giordano dont il chante, non pas l’habituel « Amor ti vieta » mais la grande scène qui conclut l’acte deux, constituée de trois airs qui se succèdent, entrecoupés par des répliques de la soprano, ici supprimées. Cette longue scène poignante qui réclame un investissement théâtral et vocal important constitue sans nul doute l’un des temps forts de la soirée. Roberto Alagna s’y montre pleinement convaincant. Puis il nous fait découvrir une rareté absolue, Giulietta e Romeo de Zandonai dont il propose un extrait de la scène du tombeau. Alors nous avons soudain l’impression de revoir le Roméo qu’il était il y a trente ans avec sa silhouette juvénile, exprimer son désespoir. Sans transition surgit ensuite sous nos yeux le Maure de Venise dans une page tendue de l’Otello de Verdi, « ora e per sempre » qu’il chante avec un aplomb et une autorité incroyables.
Après un programme aussi chargé on aurait pu penser que Roberto Alagna allait nous proposer quelques pages légères en bis. Que nenni ! Il nous offre pour commencer une interprétation spectaculaire de l'air du Cid « O souverain, O juge » sans qu’une once de fatigue ne soit perceptible dans sa voix, puis un « E lucevan le stelle » vibrant, dans lequel il multiplie les diminuendi et les piani tenus, et enfin toute la scène finale d’Otello « Niun mi tema ». Quel autre ténor aujourd’hui alignerait en bis, Le Cid, Tosca et Otello avec une telle insolence vocale ?  Mais le public en délire en réclame toujours plus, alors il rechante le prologue de Pagliacci après avoir expliqué avec malice qu’il n’était pas pleinement satisfait de sa première interprétation. Il conclut enfin la soirée avec une berceuse corse a capella et s’en va heureux sous les acclamations, presque à regret de quitter la scène. »

 

 

 

 

 

 

 

 

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05/01/2022